- Nouveau

Travail réalisé en prison en 2000
reproduction rehaussée et signée par l’artiste en 2023.
45 x 59 cm - 2000 & 2023 - Acrylique sur toile
Pendant sa détention pour raisons politiques dans la prison de Mandalay, Htein Lin n’a pas eu droit à grand-chose — sauf à l’essentiel : un peu de courage, beaucoup de débrouillardise, et une volonté farouche de rester humain dans un endroit qui faisait tout pour vous en priver.
Dans une cellule minuscule, au milieu de conditions sanitaires que seul l’enfer pourrait envier, il s’est mis à créer, avec les moyens du bord : une feuille de plastique, une aiguille de seringue, ses doigts… et lui-même comme sujet.
Cet autoportrait est l’un des tout premiers de sa série de prison. Il ne s’agit pas d’un simple dessin : c’est un acte de survie, une forme de respiration dans un espace sans air. Chaque trait gravé raconte une histoire, non pas de muscles ou de veines au sens anatomique, mais de tension intérieure, de résistance silencieuse. Il s’y dessine comme on grave une mémoire, avec la conscience que chaque marque compte.
Et puis il y a cette barbe. En prison, elle était interdite, comme tout ce qui pouvait signifier une once d’individualité. Mais Htein Lin, fidèle à lui-même, a laissé pousser une fine barbe — un geste minuscule, presque invisible, mais immensément subversif. Les gardiens n’ont pas apprécié. Il a été battu, humilié, sommé de se raser. Mais ce refus, aussi discret soit-il, est resté : une manière de dire non, de ne pas plier entièrement.
Ce portrait est bien plus qu’un visage. C’est une trace — de douleur, de dignité, de créativité tenace dans un monde conçu pour l’écraser. Une œuvre née de l’ombre, mais qui porte une lumière indéniable.
Pas de commentaires client pour le moment.