...On trouve chez beaucoup de marchands d'art africain des masques miniatures du pays Dan sous l'appellation de « masques passeports », or rien ne semble plus erroné....

Chez les Dan, leur nom le plus répandu semble être celui de ma, qui signifie « petite image ».

Ces masques, de petite dimension, sont en vérité des agents de protection, doués d'un pouvoir surnaturel, attachés à un individu de sexe masculin. Leur fonction est de protéger le porteur contre toute agression pernicieuse : maladie, vol, accident, démons ennemis, impuissance sexuelle, etc. Chacun de ces masques est la copie miniaturisée - ou plutôt la représentation symbolique - d'un grand masque traditionnel du lignage; mais alors que le grand masque a une fonction collective au niveau du village, le petit masque « gardien » possède un rôle protecteur direct au niveau de l'individu, membre et partie de ce lignage.

Ce masque-gardien reste sans cesse relié, par une dépendance mythique, au grand masque dont il est issu ; il en reçoit une partie du pouvoir surnaturel, dont sera irradié, à son tour, l'individu détenteur du petit masque. Il n'est pas essentiel que le ma soit la reproduction fidèle du grand masque, car la notion de ressemblance n'a pas de valeur ici.

L'œuvre sculptée est exclusivement le réceptacle de forces surnaturelles qu'elle est destinée à recueillir et à retransmettre.

..ce masque sera caché au regard, surtout à celui des femmes et des non-initiés; pour ce faire il est enserré dans une sorte d'étui en cuir ou en toile, porté soit autour du cou soit à la ceinture; il accompagne l'initié dans tous ses déplacements pour assurer sa protection. Dans les cas sérieux, son possesseur le prend en main, le frotte, converse avec lui...

Le ma est rigoureusement individuel, attaché à un seul possesseur et devrait être appelé masque-gardien. On ne peut en posséder qu'un seul et on doit le conserver toute sa vie.

Article paru dans Arts d'Afrique Noire - Eté 1989